S’il y a bien un livre à se procurer autour de la Journée Internationale de la Femme, c’est celui-là. Condamnés à Réussir est publié aux éditions Atramenta à l’international depuis le 19 Janvier, et bat déjà des records de vente, avant même son lancement officiel au Gabon, pays d’origine de l’auteure.
- Vous êtes analyse contrat, auteure, mentor pour plusieurs programmes de développement et consultante en performance entrepreneuriale. Vous avez pris part au Programme lancé par Barack Obama, International Visitors Leadership, Femmes Leaders pour la promotion de la Paix et la sécurité avec Nafissatou Ide notamment. Quel est le rapport avec l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat a tout à voir avec la promotion de la paix et la sécurité. Il constitue une voie vers l’indépendance financière, hors nous savons que les conflits et l’instabilité frappent le plus dans les zones ou la précarité et la pauvreté abondent. De plus, quand plusieurs femmes s’unissent, comme c’est le cas de la coopérative agricole Femmes en Action, au Mali, ce sont des dizaines, des centaines de familles qui sont nourries, d’enfants que l’on peut envoyer à l’école. Les femmes ont aussi une attirance toute particulière envers l’entrepreneuriat comme moyen d’expression et d’exploitation des capacités qu’elles possèdent en elles. Elles ont une créativité qui leur permet rapidement d’apporter des solutions à leur environnement, quand on leur en donne les moyens. Et quand une femme est épanouie dans son autonomie, c’est l’Afrique qui gagne. Mais nous sommes encore trop peu nombreuses à avoir des entreprises prospères et pérennes.
- Le livre dit dans le prologue s’adresser aux Acharnés, qui sont-ils ?
C’est une génération qui fait la différence par sa rigueur, sa constance et sa stratégie et sa conscience de son rôle pour l’Afrique. Il y a malheureusement trop de vulgarisation, de mauvaise compréhension, de prolifération et de surexploitation de ce que l’entrepreneuriat est pour l’Afrique. Il y a encore trop d’entrepreneurs qui le sont par quête de notoriété, d’opportunité, de liberté de mouvement. L’entrepreneur dont l’Afrique a besoin est utile dans sa ville, chaque petit quartier, chaque village. Hommes ou femmes, les Acharnés veulent du concret, un contenu qui n’est pas forcément une adaptation ‘copie-coller’ des théories de management à l’occidental. Nous sommes légitimes.
- En quoi le livre est-il différent ?
Je ne sais pas s’il est différent, mais il est percutant, et ça rime. J’ai tenté une structure différente. Toute la première partie parle vraiment à l’africain, rappelle notre histoire, nous n’avons pas attendu la globalisation pour savoir faire des affaires, créer de la richesse et développer notre environnement. Le livre parle des manuscrits de Tombouctou, l’un des plus anciens exemples de notre formidable puissance intellectuelle, commerciale, légale et scientifique. Plus de 20,000 documents écrits, dont des contrats commerciaux, des conseils en gestion de terre, etc. Pourtant, ils datent du XVIIe siècle, et s’étendent sur plus de deux-cents ans ! Nous venons de quelque part…
Le livre, de façon très volontaire, amène le lecteur à être interpellé et à mieux se connaître soi-même avant d’entrer dans toute la deuxième partie, qui est plus technique, penchée sur les aspects commerciaux et stratégiques. Dernier élément de la différence de Condamnés à Réussir, une fois le livre terminé, il manquait quelque chose. L’échec. On aime bien parler de nos réussites, mais on est frileux quand il s’agit de partager ses échecs. J’accorde tout un pan du livre sur le partage de ce que j’appelle ‘les temps obscurs’, et la gestion de l’échec.
- Vous partagez aussi l’histoire d’autres entrepreneurs à succès ?
- Pas forcément ceux qu’on connait, mais ceux qui représentent une réussite africaine selon des critères variés telle que la réponse à l’environnement comme Edward Moshole, qui était technicien de surface en Afrique du Sud et est aujourd’hui à la tête de l’empire industriel Chemfresh. La détermination et l’intelligence marketing de Marie Diongoye Konaté, de KPR Côte d’Ivoire, géant de l’agroalimentaire qui rivalise avec Danone, et qui a commencé avec un petit broyeur de 400,000XAF qu’elle garde encore aujourd’hui. La capacité de développement et d’emploi de la main d’œuvre locale, comme l’a fait Bethlehem Alemu, créatrice de la marque Sole Rebels.
Je terminerai ici avec l’exemple de l’excellence d’innovation transfrontalière de NJ Ayuk, CEO de l’incontournable cabinet d’expertises légales Centurion Group, qui dit « Il est temps de créer des modèles de réussite à l’africaine, avec notre histoire et notre parcours ».